Un peu d'histoire
Schwinn est une marque légendaire de cycles de Chicago (Illinois) qui a imprimé l'histoire industrielle des Etats-Unis.
Par ses créations, elle a inspiré 2 styles et pratiques du vélo : le BMX et le VTT. Mais pour ne pas avoir su exploiter commercialement ces mutations à la fin des années 70, elle a fini par péricliter.
Ce préambule est directement tiré de l'excellent article de Judith Crown (en anglais) : The rise and fall of the Schwinn Bicycles Company : an American Institution link .
La production du Stingray a débuté en juin 1963 et a immédiatement rencontré un succès fulgurant auprès des adolescents américains. Le modèle ne survivra malheureusement pas aux déboires de la firme à la fin des années 70.
L'ami américain
Comment ce Stingray Fastback a-t-il traversé l'océan Atlantique pour finalement échouer dans un petit village du Béarn où l'on est plus habitué à croiser des bicyclettes Peugeot ou Motobécane ?
Un ami d'enfance de mon père s'est installé aux USA dans les années 60 et a ouvert 2 restaurants de cuisine française dans la banlieue de Seattle. Bénéficiant de la fréquentation des cadres des usines Boeing à proximité, il a fort bien réussi.
Chaque été, il revenait effectuer un court séjour en famille dans les Pyrénées et ne manquait pas de montrer les symboles de sa réussite devant nos yeux émerveillés d'enfant.
C'est ainsi que découragé de manoeuvrer sa magnifique Chevrolet Impala convertible de 1964 sur les petites routes sinueuses de notre campagne, il s'est résolu à la céder à mon père qui s'est employé à l'entretenir soigneusement.
The bike
En ce qui concerne le vélo, il appartenait à son fils ; mon père l'a également récupéré et il est resté suspendu plusieurs décennies dans une remise. C'est un modèle de 1975 et la photo ci-après le montre intact, dans son état d'origine, avec ses pneus de première monte. Le fils étant enfant unique et couvé par ses parents, j'imagine qu'il ne devait pas réaliser beaucoup de figures acrobatiques dans les rues de la banlieue de Seattle.
Je n'ai pas remonté l'éclairage constitué d'une dynamo fixée sur le hauban et branchée par un fil entortillé au cadre à un magnifique feu avant chromé de fabrication japonaise. Apparemment, cet équipement a été rajouté par le vélociste américain à la version de base du Stingray.
Le cadre, reconnaissable à ses haubans galbés, est plutôt compact et habillé d'une magnifique peinture, référence 'Red Flambloyant'.
La fourche est une belle pièce avec ses fourreaux amincis.
La transmission
Les manivelles sont forgées d'une pièce et traversent le jeu de pédalier, façon BMX. Elles sont gravées SA 1-7-1975,
ce qui renseigne le millésime. La couronne de pédalier comporte 52 dents (j'en reparlerai plus loin) et est gravée Schwinn "MAG".
La roue libre est une Maillard France Model F3 avec la mention ajoutée 'Schwinn Approved' qui semble concerner les pièces qui ne sont pas directement produites par l'usine Schwinn de Chicago. C'est une 5 pignons : 14-17-20-24-28.
Le dérailleur est un Shimano avec un capot en acier chromé qui permet d'une part de le protéger et aussi encore une fois de sigler la marque Schwinn GTI 20. La manette de changement de vitesse est une Suntour, non indexée mais assez précise car micro-crantée dans le sens de la montée des pignons.
Pas de manette géante montée directement sur le cadre pour ce modèle.
Il semble que le principe a été abandonné en 1973 même si beaucoup l'ont adopté
en option comme le montre cette vidéo.
Les roues
Curieusement les jantes aluminium ne comportent aucune inscription. Les moyeux sont 'Made in France' de marque Atom, toujours 'Schwinn approved'.
Par contre les pneus sont bien de fabrication Schwinn (Made in U.S.A.) ; l'arrière a un profil particulier, de forme carré avec une bande de roulement lisse. La dimension est 20" 1 3/8.
A noter le spectaculaire disque chromé de protection de chaine entre la roue-libre et les rayons de la roue arrière.
Les freins
Les leviers de frein sont des Weinmann en aluminium ; on les trouve fréquement sur des mini vélos des années 70 à différence que l'arrêt de câble est anodisé rouge alors qu'il est ici doré.
Les leviers ne viennent pas de Suisse eux, mais Made in Japan by Dia-Compe ; modèle type LS 2.8 de septembre 1974. A noter toujours le gravage dans l'alliage de la mention 'Schwinn Approved".
Le guidon
Le guidon semble avoir été prélevé sur un chopper Harley Davidson et est caractéristique du Stingray.
C'est une fabrication Schwinn, c'est gravé au niveau du serrage de la potence. Potence de toute beauté d'ailleurs : un morceau de métal forgé d'une pièce et généreusement chromé.
Les accessoires
Impossible de terminer ce panorama sans évoquer la célèbre selle Banana au rouge brillant rehaussé par les liserés argentés. Bien allongée, elle permet de caler confortablement ses fesses. Un autocollant placé en sous-face averti cependant qu'elle ne peut supporter qu'un seul biker.
Les poignées sont conçues par Swchinn (c'est gravé) dans la même esthétique.
Aucune butée de gaine ne vient perturber la pureté de ligne du cadre. Les gaines courrent dessus en un seul tenant simplement maintenus par deux colliers inox très semblables aux Simplex qui sont montés sur le tube horizontal de nos anciens vélos de course.
Les garde-boue sont faits dans un inox impeccable qui ne demande qu'à reluire. Les tringles sont elles d'un métal beaucoup plus ordinaires.