Mini Vélo Vintage
Cette photo restera-t-elle le dernier témoignage de l'existence de mon Al-Mega ? Après cette randonnée sur terrain très gras à la suite d'un printemps pluvieux, je me mets en quête, la semaine suivante, d'un sol plus sec. C'est à Quissac dans le Gard et une pierre percute le dérailleur arrière me plongeant dans le désarroi sur la question de l'espérance de vie de ce VTT.
L'objet du délit, patte de dérailleur brisée net. Sur un site marchand spécialisé, je trouve bien la pièce adaptable sur un cadre de 1992, comprenant 3 percements de fixation ; la gamme 93 en comprend 2 (explications à suivre sur les millésimes).
Je commande finalement une patte présentant des similitudes avec l'originale et destinée aux modèle GT, Iron Horse et Planet X. Un percement et quelques coups de lime plus tard, la nouvelle patte est en place.
Cet incident illustre parfaitement l'échec commercial et industriel de cette marque mythique du début des années 90.
L'histoire est célèbre dans la saga encore balbutiante du vélo tout terrain : Alpinestars proposait une garantie à vie sur les cadres de vélo vendu - principalement aluminium - et le remplacement sans frais en cas de casse. Et de la casse, il en eu beaucoup ... Tellement que le public et les détaillants de cycles se détournèrent de la marque, les dernières unités disponibles finissant à prix soldé dans les magasins Decathlon.
En étudiant les catalogues sur le forum retrobike.co.uk et en s'adonnant au jeu des sept différences, je conclus que ce vélo a lui aussi fait l'objet d'un échange standard dans le cadre de la fameuse garantie. En effet, le cadre est celui d'un D900, certainement de1994, et monté avec les équipements d'un Al-Mega DX de 1991. Je suppose même que le vélociste a du démonter un D900 exposé en magasin pour calmer un client mécontent devant la lenteur d'Alpinestars à fournir un nouveau cadre.
Les faits, basés sur les photos de catalogues ci-dessous:
- en 1993, le tube de selle incurvé est abandonné ainsi que la patte de dérailleur avant brasée et ce vélo a été remonté avec un dérailleur Shimano XTR à collier (diam. 34.9) et à tirage par le haut sans doute prélevé sur le D900
- la fourche rigide en acier était couverte d'une peinture noire fragile, visiblement sans apprêt et en la décapant, sont apparus au niveau des soudures, la couleur jaune fluo caractéristique du modèle de 1991 (ou la marque recyclait un vieux stock de fourche CRO-MO)
- le renfort de tube de direction est déjà présent depuis la gamme 1992 car c'était le point de rupture le plus courant
- excepté le dérailleur avant, les autres composants sont ceux du groupe Deore DX équipant le vélo de 1991
Outre la difficulté à réparer la fixation de dérailleur arrière, la conception exclusive et assumée de l'oversize par Alpinestars empêche le réemploi de certains équipements sur un autre cadre : comme le dérailleur avant déjà évoqué ou le jeu de direction 1"1/4 et la potence associée Zoom.
Dommage, car avec ses bases relevées - EOS system - et son empattement arrière court (rallongé toute de même de 403 à 415mm avec l'abandon en 1993 du tube de selle incurvé), c'est un vélo vif, maniable et nerveux. Et même s'il ne peut rivaliser avec les VTT suspendus contemporains, particulièrement dans les descentes, je n'ai pas réellement constaté cette réputation de machine cassante (pour l'organisme du pilote, je précise) endossée par le Al-Mega lors de sa sortie.
A chaque randonnée son incident ! A Blaye, le cintre Zoom se brise net au niveau de la potence. Fort heureusement cela survient à 10 km de l'arrivée et dans une portion à vitesse réduite...
Les amateurs avertis reconnaîtront forcément le lien de parenté de ce mini vélo avec la célèbre Graziella. Excepté l'arrière du cadre qui n'est pas ici composé d'un ensemble monobloc en tubes épais formant bases, haubans et porte-bagages.
Autre différence notable : l'absence de moyeu Torpedo (frein à rétropédalage) qui allège le vélo d'un bon kilogramme. Cette perte de poids, associée à un guidon plus large et confortable, rend le vélo nerveux et maniable.
Malgré une seule vitesse, il se comporte honorablement dans les montées, même si je n'ai pas osé le tester dans l'ascension de Notre Dame de la Garde.
A l'issue de la rénovation, j'oublie définitivement mon projet initial d'utiliser ce vélo comme banque de pièces pour sa cousine Graziella.
Le porte-bagages est donc un élément rapporté en acier chromé ; à noter son design compact et élégant avec un minuscule clapet à ressort.
Le vélo est dans son jus comme l'atteste ce cabochon de feu arrière Catalux 8 qui reste à remplacer.
La sonnette Oméga est magnifique avec ses détails peints. Par contre, les leviers de frein sont directement soudés au guidon à la manière des pliants de production italienne économique comme le Dino.
Le pédalier et le carter sont bien ceux montés sur la Graziella. Les pédales, superbes avec les bords crénelés, sont dans un très bon état de conservation.
Le phare de la célèbre marque italienne Aprilia.
Même si je suppose que le vélo a peu roulé, les pneus Michelin 16 pouces sont pratiquement intacts.
Les photos prises à Marseille montrent que le revêtement bicolore de la selle Alfa Dolomiti a malheureusement bien souffert. Une San Marco noire la remplace avantageusement.
La forme du guidon - avec ses leviers de frein directement soudés dessus - est bien différente que celui équipant la Graziella.
Pendant ma ballade le long de l'Huveaune entre le parc Borely et le nouveau Stade Vélodrome, un astucieux portique façon gabarit interdit le passage des 2 roues motorisés.
Appréciable, pour celui qui a déjà coincé une pédale dans un de ces P...... de tourniquets...